Entrevue avec Sophie Malavoy, lauréate du prix Thérèse-Patry 2022
Le lundi 6 juin 2022
Faites connaissance avec les lauréat.e.s des prix 2022 de l’ACS
Le jeudi 26 mai dernier, l’Association des communicateurs scientifiques du Québec (ACS) et Radio-Canada ont dévoilé le nom de la lauréate du prix Thérèse-Patry 2022, madame Sophie Malavoy. Remis pour la première fois en mai 2018, ce prix récompense chaque année une personnalité ayant apporté une contribution exceptionnelle à la culture scientifique au Québec.
Sophie Malavoy, vous êtes la lauréate du prix Thérèse-Patry 2022. Toutes nos félicitations ! Qu’est-ce qui vous a poussée à travailler dans le milieu de la communication scientifique ?
Une terrible envie d’élargir mes horizons. Je travaillais alors comme associée professionnelle de recherche à l’École polytechnique de Montréal sur des sujets hyper pointus et je ne me voyais pas y dédier toute ma vie. J’aimais écrire, j’aimais lire sur les sciences, toutes les sciences et j’avais envie d’un métier qui me permet de rencontrer une grande variété de gens, alors le choix s’est imposé de lui-même. Et je ne l’ai jamais regretté!
Quel est votre plus beau souvenir, la plus belle expérience professionnelle que vous avez vécue au cours de votre carrière ?
Je garde énormément de beaux souvenirs, de belles rencontres et il m’est impossible de ne vous en donner qu’un seul. Alors, en voici deux. Le premier est ma rencontre avec Lee Smolin, l’un des fondateurs de la gravitation quantique, lors d’un reportage pour Découverte que je réalisais avec Michel Rochon. Là j’ai vraiment eu l’impression d’avoir accès à un être exceptionnel et de pénétrer dans l’antre des intelligences hors normes. Le second souvenir porte sur la soirée Raconte-moi la Terre organisée au Cœur des sciences de l’UQAM avec trois chercheurs et quatre conteurs. Pure magie! Les chercheurs ont raconté leurs recherches d’une façon aussi inspirée et inspirante que les conteurs. Les sept histoires se répondaient et se rejoignaient. L’art et la science ont fusionné ce soir-là.
Le prix Thérèse-Patry récompense une personnalité pour son apport à la culture scientifique et à la société québécoise. Selon vous, en quoi la culture scientifique rend-elle la société plus riche ?
Elle la rend en tout cas mieux équipée pour évoluer dans notre monde les yeux ouverts et, ce, pas seulement parce qu’elle lui apporte les connaissances nécessaires pour mieux comprendre les grands enjeux de l’heure et mieux agir, mais aussi parce qu’elle lui donne une méthode, la méthode scientifique, pour les aborder. Elle permet aussi de maintenir bien vivante sa curiosité. Il n’y a rien de pire selon moi, que de voir des gens indifférents aux savoirs, aux découvertes et à tout ce qui les entoure.
Quels conseils donneriez-vous à la relève en communication scientifique, aux personnes qui souhaitent entamer une carrière professionnelle dans ce domaine ?
Écoutez-vous, tout vous! Une carrière en communication scientifique devrait vous permettre de concilier professionnellement plusieurs aspects de votre personnalité. Goût des sciences, de l’écriture, du théâtre, de la danse, du dessin, de réalisations multimédias, de la musique et j’en passe : faites preuve de créativité. Les possibilités sont grandes actuellement, reste à trouver sa niche. Et ne vous découragez pas! Je sais qu’il n’est pas toujours facile d’en vivre au début, mais il faut tenir le coup. Le domaine de la communication scientifique est en plein essor actuellement et il a besoin de vous.
Si vous pouviez prendre une décision politique qui contribuerait au développement de la culture scientifique au Québec, quelle serait-elle ?
Vaste question. Pour ne donner qu’une seule piste, je crois que la culture scientifique gagnerait à être considérée d’une façon plus transversale, notamment en ce qui concerne son financement. Pour moi, elle devrait relever d’un seul ministère, mais d’une entité interministérielle, car la science et la technologie ne touchent pas que l’industrie ou l’éducation, mais aussi l’environnement, les ressources naturelles, les sports, les arts, la défense, le travail, bref tous les ministères. Cela témoignerait d’une volonté d’en faire une priorité.
Sophie Malavoy est la lauréate du prix Thérèse-Patry 2022, qui récompense les personnalités ayant apporté une contribution exceptionnelle à la culture scientifique du Québec.